Joseph et Marie, en chemin pour Bethléhem, trouvent refuge dans une étable pour la naissance de Jésus. L’humilité de l’Incarnation, c’est cette caractéristique du coeur de Dieu qui m’a interpelé lorsque j’ai lu l’histoire de François d’Assise et de la première crèche vivante de Greccio, en 1223. Une démarche qui reflète l’amour et l’humilité de Dieu, illustrant son désir de connexion intime avec l’humanité.
Joseph monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David, appelée Bethléhem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David, afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.
Luc 2: 4 à 7
Pendant qu’ils étaient là, le temps où Marie devait accoucher arriva, elle enfanta son fils premier–né. Elle l’emmaillota, et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie.
Naissance à la maison !
Mes deux plus jeunes enfants sont nés à la maison. Ça a été un choix. Tout avait été préparé bien à l’avance avec une sage femme qui nous avait accompagné. Pas besoin de partir en catastrophe sous la pluie en pleine nuit comme ça avait été le cas précédemment.
C’est une chance d’avoir des hôpitaux, mais pouvoir accueillir le nouveau né chez soi dans le nid douillet de sa maison est une joie.
Le plus grand des rois s’est fait petit pour nous rencontrer
Le récit de la naissance de Jésus que nous rapporte Luc nous dévoile un contexte bien différent : pas de maison ou d’hôpital mais une étable !
Ce dépouillement par lequel passe Dieu pour s’incarner n’est pas anodin mais il reflète une caractéristique essentielle de qui il est. Dieu ne vient pas tout en force avec l’éclat de sa gloire et les anges qui déroule le tapis rouge du ciel sur la terre. Non son but initial, exprimé par Jésus dans sa prière rapporté par Jean dans son évangile au chapitre 17, est que nous soyons un avec lui et le Père (Jn 17:21).
Dieu ne souhaite pas dominer sur nous, nous imposer son règne, il désire gagner nos coeurs ! Pour cela il prend un chemin de simplicité, de fragilité, de pauvreté, d’humilité, un chemin tracé sur la terre de la confiance dans le Père. Dieu se fait homme pour nous rencontrer.
Paul dans sa lettre aux philippiens le dit ainsi : « il s’est abaissé » (Phil 2:8) que certaine traductions de la Bible traduisent par : « Il s’est fait plus petit encore ».
Le plus petit
C’est ainsi que le roi David auquel il est fait référence quand on appelle Jésus « fils de David » était lui-même le plus petit des huit enfants de Jessé. (1 Samuel 16:11). Bethléhem (Beit Lehem : la maison du pain) où naquit David puis Jésus (le pain de Vie), est appelée par le prophète Michée « la plus petite des villes de Juda » (Michée 5:1) et le peuple élu dont Jésus est issu « Le plus petit de tous les peuples » (Deutéronome 7:7).
Le Royaume de Dieu est différent des royaumes de ce monde, enraciné dans l’amour il nous ouvre un chemin d’humilité.
Greccio
C’est cette caractéristique du coeur de Dieu qui m’a interpelé lorsque j’ai lu le récit de Thomas de Celano (1190 – 1260), contemporains de François d’Assise, lorsqu’il raconte l’histoire de la première crèche vivante de Greccio, petite ville d’Italie, il y a exactement 800 ans, en 1223.
Dans son livre « Vita Prima », Thomas de Celano décrit ainsi François : « Son dessein le plus haut, son désir principal, son projet suprême était d’observer en tout et à travers tout le saint Évangile, de suivre parfaitement de toute sa vigilance, de tout son effort, de tout le désir de son esprit, de toute la ferveur de son cœur l’enseignement de notre Seigneur Jésus Christ et d’imiter ses pas. Par une méditation incessante, il se souvenait de ses paroles; par une très pénétrante contemplation, il se rappelait ses actions. En particulier, l’humilité de l’Incarnation et la charité de la Passion occupaient à tel point sa mémoire qu’il voulait à peine penser à autre chose. »
Le désir de François
La troisième année avant le jour de sa mort, François fait appeler à lui Giovanni Vellita (Jean), son ami et seigneur de Greccio. Dans environ quinze jours ce sera la nativité du Seigneur ! François, lui dit : « Si tu désires que nous célébrions la présente fête du Seigneur à Greccio, dépêche-toi de t’y rendre à l’avance. Ce que je te dis, prépare-le soigneusement. Car je veux faire mémoire de cet enfant qui est né à Bethléem et observer en détail, autant que possible de mes yeux corporels, les désagréments de ses besoins d’enfant, comment il était couché dans une crèche et comment, à côté d’un bœuf et d’un âne, il a été posé sur le foin. »
François avait repéré une grotte, mise à la disposition des frères dans les montagnes du village de Greccio. Ce paysage lui fait penser à Bethléem où il a été lors de son pèlerinage en Terre sainte.
La crèche de Greccio
Thomas de Celano continue ainsi son récit :
Le jour de l’allégresse approcha. Le temps de l’exultation advint. Les frères furent convoqués de plusieurs lieux
Les hommes et les femmes de ce pays, chacun comme il le peut, préparent en exultant des cierges et des torches pour illuminer la nuit, elle qui a illuminé tous les jours et toutes les années de son astre scintillant.
Enfin vint François et, trouvant tout préparé, il vit et fut en joie. De fait, on prépare une crèche, on apporte du foin, on conduit un bœuf et un âne. Là est honorée la simplicité, exaltée la pauvreté, louée l’humilité et l’on fait de Greccio comme une nouvelle Bethléem.
La nuit s’illumine comme le jour. Elle fut délicieuse aux hommes ainsi qu’aux animaux. Arrive la population et, devant ce nouveau mystère, elle se réjouit de joies nouvelles. La forêt retentit de voix et les roches répondent aux cris de jubilation. Les frères chantent, s’acquittent des louanges dues au Seigneur et toute la nuit résonne de jubilation. François se tient devant la crèche de Greccio, plein de soupirs, contrit de pitié et inondé d’une joie étonnante.
Les dessins sont tirés d’un livre édité pour le 800e anniversaire de la crèche de Greccio. Il est composé de récits de St François : Noël à Greccio – François et le loup de Gubbio – Les abeilles – Les oiseaux – Les hirondelles – Les tourterelles .
Illustrations de Jean-Michel Baux .ofs